Mémoire du non retour


(Au Mémorial et à la Renaissance de Gorée)

Une grosse barque comme modèle-architectural par où on pourrait gouter une tasse de kinkeliba chaud et humer l‘air mémorial venant de la vielle grande porte ouverte


Mémoire du non retour 

Le regard va en vaguant vers
Les Amériques lointains!
«Négrier» architectural enchainé, suspendu,
Humant du vent d’occident et plane,
La mémoire vielle d’ici et d’au-delà,
L’horizon du soleil couchant de points lointains.
C’est vrai, une forteresse peut être une Île
Pareille à une jarre délicatement posée
Sur l’Atlantique vers où va le regard en vaguant,
Ces vagues navigantes aveuglées, 
Ces écumes de la canne à sucre,
Sève du nectar de toutes les mers,
Cet ouest qui parle à l’est de soleil levant,
Cet arc en fer à cheval vibrant des poils,
De sa queue n’est peulh qui veut,
Pour jouer le riti*,
Violon comme l’éclatant jaune d’œuf.

En vaguant, vers où va le regard de l’âme au coucher !
Quelle coïncidence cette nuit de demi-lune,
Comme une barque lorgneuse de réflexes,
Cette inclinaison du donner et recevoir de l’Universel.
Oh âme! « Les morts ne sont pas morts »,
Sur la cime de la montagne, cheminent des millions de vers
Grimpeurs au joli éclat jaune poussin,
Ils veulent de la vraie mémoire la projection de la vue.

Vers où va le regard en vaguant,
Sur les rives aux blanc-coquillages sourire de 
la « Femme nue » sur ses flancs naviguent le tronc
Des éternelles racines reflets du passé d’où se meut la mangrove,
Kaléidoscope du sud-nord et hommage au feuillage,
Confiant à la force du lion Simbakat*,
Pour louer la mémoire de Gorée d’un:
« Il fût un jour… ».

Vers où va le regard en vaguant,
D’où vient ce vent qui siffle,
Et ronronne autour du cordon ombilical,   
Nœud Noir qui fait et défait toutes couleurs!
Entre la viande et le poisson,
Grand-Mère n’est autre que ses propres graines éparpillées, 
En germinantes affinées et alignées entre exemplaires,
Millénaires aux racines sous terre et les troncs en vue.
Les rames feuillagées nues furent-elles avant l’aube des pluies,
Maintenant et encore, la fleur originelle 
Puis fruit qui ressemble au nénuphar de terre dans l’imaginaire

Vers où va le sens va l’esprit, l’œil focaliseur.
Là où est allé le regard en vaguant,
Sur l’image réelle ou imaginable futur de l’instant,
Rêve à court terme, concret qui se plante,
Depuis le bâtiment en barque-architecture d’où s’entrouvre
L’horizon vers où ils étaient partis.

Oh, balancement la berceuse,
Brise de la mère des Océans,
De ta terre l’odeur du kinkéliba* chaud,
Entre nos mains débordantes de genèse,
Vers où va le regard en vaguant,

Du Mémoire d’un Continent à l’aube d’encore renouveau! 

Abdoulaye Bilal Traoré.

Gorée. Photo de ARTTHROB,internet.

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